Saint Jacques. Le culte et les pèlerins en Val de Loire. Diocèses de Chartres, Blois, Orléans et Bourges. Colloque organisé par la Société des Sciences et Lettres du Loir-et-Cher au Château royal de Blois le 13 avril 2007. Actes réunis par Pierre-Gilles GIRAULT, Orléans, Paradigme, 2008 ; 1 vol. in-8o, 236 p. (Medievalia, 67). ISBN : 978-2-86878-274-8. Prix : € 24,00.
Une pratique de grande envergure géographique, le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, est envisagée dans un cadre restreint, celui d’une région administrativefrançaise actuelle, dénommée par défaut d’imagination Centre et correspondant à une demi-douzaine de départements. Les A. y ont enquêté, à travers les siècles, sur les différents témoignages et marques du culte de l’apôtre et de la pérégrination de ses dévots. En nous limitant ici à ce qui y relève de l’époque médiévale, on épinglera une contribution de portée générale de C. Vincent : elle y examine les divergences de vues et les réserves perceptibles dans le monde chrétien à propos de l’opportunité de l’acte de pèlerinage, demeuré néanmoins pratique intense et durable, et ce dès les Pères de l’Église et plus spécialement chez des prédicateurs de la fin du Moyen Âge. Les grands points d’appui de la recherche entreprise à l’échelle régionale sont d’abord les pèlerins eux-mêmes dans leurs « gestes » (D. Péricard-Méa), dans la littérature épique (P.G. Girault), dans la générosité royale manifestée par les aumônes (P. Aladjidi, qui élargit l’enquête à toute la France du bas Moyen Âge). Viennent ensuite les chemins et les sanctuaires (F. Michaud-Fréjaville, M. Bouyssou), les confréries (J.P. Sauvage), ferments de tels sanctuaires dits de proximité, l’iconographie (M. Tissier de Mallerais). On notera que là comme ailleurs, il faut se garder des extrapolations, en ce sens qu’une dévotion à saint Jacques, par exemple à la cathédrale de Chartres, ou une institution charitable à lui dédiée, comme à Blois, n’induit pas ipso facto une référence à la Galice. Il arrive aussi que l’on confonde, bien tard encore, l’apôtre de Compostelle et son homonyme, autre compagnon du Christ, Jacques dit le Mineur. Les célèbres « chemins de Saint-Jacques » français, en Val de Loire comme ailleurs, ne sont pas les itinéraires exclusifs des pèlerins – il est bien d’autres voies possibles – ni davantage des « tracés » exclusivement destinés à leur usage – marchands et voyageurs divers les empruntent simultanément : mais faut-il pour autant les rejeter dans l’espace d’une histoire « totalement mythique » (p. 25), formule ambiguë et déroutante pour le lecteur profane s’il en est, d’autant
plus qu’ils ont joui, fût-ce tardivement, d’un « prestige particulier », comme le souligne C. Beaune dans les conclusions du livre ? Au-delà de son ancrage régional, ce petit ouvrage illustré et bien présenté, clôturé par les réflexions d’un ecclésiastique blésois, pèlerin d’aujourd’hui, intéressera tous ceux que ne laisse pas indifférents l’anthropologie du fait pèlerin et, plus largement, religieux.

Jean-Marie CAUCHIES