Cette anthologie regroupe, en édition bilingue espagnol-français, dix-sept poètes de la Génération dite de 1927  à cause de l’année, dont le plus connu est bien évidemment Federico Garcia LorcA. Jeanne Marie a adjoint à ce groupe cinq femmes poètes qui méritent bien d’y figurer et comme elle a raison de les avoir choisies ! L’époque des muses était déjà révolue dans l’esprit de ces femmes créatrices qui se sont imposées par leur talent et leurs activités littéraires.

 

    Les CHEMINS DE L’ÂME ? Il n’est pas nouveau si, peut-être un peu plus, dans le premier quart du XXe siècle, que les poètes s’interrogent sur l’âme. Qu’est-ce que l’âme ? Et quels sont les chemins que celle-ci emprunte ou ceux qui y conduisent ? « Le lecteur découvre, dans la traduction de Jeanne Marie, la prégnance des silences, autant de chants de l’âme que saint Jean de la Croix faisait déjà sourdre de l’invisible », écrit Françoise Morcillo, dans la préface. Il convient de bien situer cette poésie dans le début du XXe siècle ; ces poètes sont sensibles à la culture française du moment, représentée principalement en poésie par Paul Valéry. Des relations suivies existent aussi avec des poètes français de cette époque. On ne peut pas non plus les séparer de Salvador Dali, de Luis Bunuel et de Picasso qui, eux, ont choisi la France. Toutes et tous se sont engagés pour la République. Mais hélas, tout cela va déboucher sur la guerre civile et ses atrocités, la répression du régime franquiste et l’exil pour ceux qui réussiront à s’échapper.
    Au début de l'anthologie un hommage est rendu a Juan Ramón Jiménez qui, lui, appartient à la Génération 14 de la poésie espagnole mais qui a fortement influencé les poètes de la Génération 27. Beaucoup d’entre eux se réclament de lui qui a obtenu le prix Nobel de littérature en 1956 durant son exil. Sans oublier la paternité plus lointaine de Luis de Gongora (1561-1627), l’immense poète classique, auteur des Sonnets, dont on célébrait en 1927 en Espagne le tricentenaire de la mort.
    Pour chaque poète, Jeanne Marie a fait le choix de plusieurs poèmes ; ceux-ci sont précédés d’un portrait de l’auteur et d’une page de bio-bibliographie. On a plaisir à se plonger dans cette poésie, profonde mais facile d’accès. Chacun de ces poètes ( homme ou femme ) mérite qu’on s’attarde sur ses textes, qu’on prolonge la méditation, qu’on y revienne. Pour qui lit les deux langues le plaisir doit être encore plus grand. Grâce à cette précieuse traduction, on se rend compte combien la Poésie est universelle, parce qu'elle porte les valeurs de l’esprit qui est le propre de l’homme civilisé.
Louis Delorme