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Revue de Presse
Studi Medievali Fasc II décembre 2023 : Marco Polo, Le devisement du monde. Études littéraires et philologiques

Depuis un demi- siècle les diverses versions du texte de Marco Polo, appelé Le Devisement du monde ‘La description du monde’, rédigées à date ancienne dans plusieurs langues (franco-italien, français, toscan, vénitien et même latin), ont été intégralementpubliées. Philippe Ménard, qui a dirigé l’édition savante en six volumes de la version française et qui a une connaissance approfondie des diverses rédactions, rassemble dans le présent volume une série d’études qui apportent des nouve- autés sur des problèmes essentiels. Marco Polo est-il vraiment allé en Chine?
A-t-il été chargé de mission par le Grand Khan mongol Khoubilai Khan, maître de toute la Chine, pour remplir des tâches importantes dans son vaste empire ? Que nous apprennent les diverses rédactions de son œuvre? Existe-t-il une version originale? Comment s’explique le mélange de plusieurs langues dans certaines versions du texte? Pourquoi Marco Polo voulait-il que son texte soit publié en français? Est-il vrai qu’il n’a pas écrit le texte lui-même et qu’il a fait appel à un écrivain nommé en italien Rustichello da Pisa, Rusticien de Pise, qui connaissait bien la langue française?Comment sont apparues des traductions latines, faites du vivant de Marco Polo? Trouve-t-on des fragments médiévaux de son œuvre encore inédits? Philippe Ménard a découvert et examiné de près deux d’entre eux, l’un en anglo-normand dans une bibliothèque anglaise, l’autre en franco-italien chez un marchand de manuscrits anciens, et grâce aux rayons ultraviolets il a réussi à restituer des parties réputées illisibles. L’écriture du récit de voyage nous révèle-t-elle quelque chose sur l’auteur? Que nous apprennent les nombreux mots orientaux présents dans le texte? Quel est l’apport de Marco Polo à la culture occidentale? À ces questions le présent livre tente d’apporter des réponses et de mieux faire connaître l’œuvre exceptionnelle du fameux voyageur vénitien, qui fut le premier à nous donner une relation de son singulier périple à travers l’immense Chine ».


MARCO POLO, LE DEVISEMENT DU MONDE - Philippe MÉNARD MARCO POLO, LE DEVISEMENT DU MONDE - Philippe MÉNARD
34,00 €




Colloque WACE le 14 octobre 2023

Les actes du colloque de Caen sur Wace
Auteur Créateur Écrivain

Seront publiés par les édition Paradigme courant 2024.
Après les colloques sur Wace organisés par la SERAM en 2012 (Wace et la foi, les Princes et l’église, actes du colloque de Bayeux Réunis et publiés par D. Hüe et M. V. Le Bossé, 2019) et 2019 (Le Style de Wace, actes du colloque de Jersey réunis par Denis Hüe, Françoise Laurent, Michel Vital Le Bossé, Laurence Mathey-Maille, Orléans, 2020),
La rencontre du 14 octobre propose à partir de l’œuvre de Wace de s’interroger sur la notion « d’auteur » : concept au cœur de toute étude sur la littérature, concept problématique pour la période considérée où, on le sait, la figure de l’auteur en qualité d’individu et de créateur d’une œuvre littéraire ne s’est pas encore révélée, au moment où s’invente une écriture en langue vernaculaire.
Les meilleurs spécialistes renouvellent la question dans un ouvrage qui fera référence.
- Introduction, Françoise LAURENT (Université Clermont Auvergne)
- « Marguerite souffre-t-elle de l’effet Matthieu ? Réflexions sur l’auctorialité de la Vie de sainte Marguerite » Yannick MOSSET (Université de Bordeaux Montaigne, CLARE, EA 4593)
- « Sortir de l’anonymat : Wace, Arthur et la Vierge Marie »
Jean BLACKER (Kenyon College-USA)
- « La conception d’Arthur : la fiction dans l’historiographie » Natalia DOLGORUKOVA et Alyona ABBASOVA (Moscou) :
- « Les Césars chez Geoffroy de Monmouth et Wace : sources antiques et médiévales » Alban GAUTIER – André DESCORPSDCLÈRE (Université de Caen Normandie)
- « La subjectivité et le temps : "je" du poète vs "je" de l’historien dans la littérature Médiévale » Natalia DOLGORUKOVA et Ludmilla EVDOKIMOVA (Moscou)
- « Wace, chroniqueur ou romancier dans le Roman de Brut ? Étude sur le je comme instance narrative » Danièle JAMES-RAOUL (Université de Bordeaux Montaigne, CLARE, EA 4593)
- « Quelle place faut-il accorder au témoignage oral dans le Roman de Rou de Wace ? » Stéphane LAÎNÉ (La Fabrique de patrimoines en Normandie)
- « Nommer les lieux et les gens : le Roman de Brut, contrepoint à la Saga des Bretons » Hélène TÉTREL (Université de Rouen Normandie)
- « L’image de Wace projetée par Layamon dans son Brut » Françoise LE SAUX (Université de Reading – GB)
- « Hersart et Marinette en Brocéliande : le topos de l’excursion sur les traces de Wace, du XIXe siècle à quelques romans des années 1910-1930 » Christine FERLAMPIN-ACHER (Université Rennes 2) :
- Conclusion
Laurence MATHEY-MAILLE (Université Le Havre-Normandie) Denis HÜE Université Rennes 2)


Les Saintes de la Mer : 3e tombeau de la Chrétienté en Région Sud.

Le Pape François va bénir le pélerinage Marie-Madeleine, qui retrace le chemin de la Sainte venue se réfugier dans une Grotte du massif de la Sainte-Baume. La Région Sud a œuvré à la reconstitution de ce périple, reconnu dans le monde entier et la restauration de la Grotte, 3e tombeau de la Chrétienté.

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Les saintes de la mer : Madeleine Marthe, les Saintes Maries : de la Provence à la Bourgogne - Jacques CHOCHEYRAS Les saintes de la mer : Madeleine Marthe, les Saintes Maries : de la Provence à la Bourgogne - Jacques CHOCHEYRAS
18,00 €




Marco Polo : Le dévissement du monde

Orléans mag été 23


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Sur le bout des langues, Michel Feltin-Palas : Marco Polo et la langue française

Pourquoi Marco Polo voulait-il que le récit de son voyage en Chine, Le Devisement du monde, soit écrit en français ? Comment expliquer la présence de plusieurs langues dans certaines versions du texte ? A-t-il écrit le texte lui-même ? Quel a été l’apport pour la culture occidentale des nouveaux mots orientaux que l’on y trouve ? C’est à ces questions – et à beaucoup d’autres – que répond dans cet ouvrage savant Philippe Ménard, professeur émérite à La Sorbonne et spécialiste du Moyen-Age.


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A Journal of Medieval Studies : Les Fragments sagiens d’Aspremont

Fragments of the Chanson d’Aspremont, an anonymous chanson de geste from the end of the twelfth century that narrates the exploits of Charlemagne against the Saracens in Calabria and represents the antecedent of the Chanson de Roland, have been identified in the guard
sheets of three manuscripts conserved at the Bibliothèque municipale d’Alençon (MSS 637, 646, 647) for several decades. The fragments, deriving from a single codex conventionally called S, are published for the first time in this volume; the edition is preceded by a brief
codicological study and examination of the position assumed by S in the broad Aspremont manuscript tradition.
The three manuscripts bound with the fragments of S all come from the abbey of Saint-Martin de Sées in Normandy and are dated to the thirteenth century. They contain copies of Latin works such as the Etymologiae of Isidore of Seville, Bede the Venerable’s commen-
tary on the Gospel of Saint Mark, and the anonymous Historia ecclesiastica gentis anglorum. Analysis of the fragments allows Denis Hüe to reconstruct the original form of S: it was composed of medium-size quaternions; the writing—two different hands?—dates back to the
fourteenth century and places the manuscript in northeastern France, although a rigorous paleographic and linguistic study to support these conclusions is lacking. The author rejects the hypothesis put forward by Alexander Kerr in “The Sées Fragments of Gui de Burgogne
and Anseïs de Cartage,”in Reading around the Epic: A Festschrift in Honour of Professor Wolfgang van Emden, ed. Marianne Ailes, Philip E. Bennett, and Karen Pratt (1998), that S was in fact part of a cyclical manuscript also containing Anseïs de Carthage and Gui de
Borgougne, based on paleographic evidence, since fragments of these two gestes constitute the binding of another manuscript from Saint-Martin de Sées. Hüe assumes, alternatively,
the existence of an “epic”scriptorium at the abbey in which several manuscripts of different chansons de geste circulated because of certain material elements that the fragments have in

Speculum 98/1 (January 2023)common. This hypothesis is not supported by any information regarding the characteristics, including provenance, of the abbey’s manuscript holdings. Hüe’s classification of S within the Aspremont tradition proves to be unreliable, mainly
because the bibliography is outdated, since the work was conducted years ago and is only now being published (see i–ii). In fact, the author’s arguments are based on the old and contested works of André de Mandach (1975, 1980) and the first critical edition of the geste procuredbyLouisBrandin(1923–24),withouttakingintoaccountthenumerousstudiesproduced withinthe research project LaChanson d’Aspremont:Étude delatraditionetédition du corpus français (directed by Giovanni Palumbo from 2010) and the new edition by François Suard (2008). This implies the ascription of S to a conjectural “blue”family that would gather all French witnesses, as opposed to the “green”and “yellow”families composed of Italian and Anglo-Norman witnesses respectively. The Aspremont project demonstrated the fallacy of this classification and, at the same time, the existence of three different redactions of the chanson de geste: speci fically, S represents one of the witnesses of redaction b. Nonetheless, the author cor- rectly emphasizes the proximity of S to another manuscript of the b family, W, by comparing the various versions of a given laisse. The stemma drawn on page xx is not, however, based on rigorous scientific criteria, as it does not take into account any significant common error.
The S fragments amount to about 1,200 lines, i.e., one-tenth of the average length of the chanson; the editorial criteria are explained clearly albeit not strictly applied, and the fragments are usefully placed in the plot of the geste thanks to an agile summary. Unfortunately, the edition is not without errors; indeed, it requires numerous corrections of various kinds. Since it is impossible to give a complete list of errata, I will only point out the most obvious oversights, such as the omission of three whole verses: after line 895 Et Salmanquin son
nevou Lauridan; after line 995 Et mainte espee mainte mace de plon; after line 1176 Ja en ma vie ne quiedra s’onour non. Many other reading errors were found thanks to a random comparison with the diplomatic edition of S produced within the Aspremont project and
checked against the photographic reproductions of the manuscript.
In conclusion, the volume offers specialists one of the still unpublished witnesses of the Chanson d’Aspremont in a not always reliable edition; additionally, the lack of bibliographical update and the absence of a linguistic and palaeographical study do not allow for a complete and correct contextualization of the Alençon fragments.
Paolo Di Luca, Università di Napoli Federico II


Les Fragments sagiens d’Aspremont - Denis HÜE Les Fragments sagiens d’Aspremont - Denis HÜE
12,50 €




HUE Denis
Voir la biographie

Article dans LE MOYEN ÂGE, revue d'histoire et de philologie : Les fragments sagiens d’Aspremont. Bibliothèque d’Alençon

Denis Hue propose ici l’éd. des fragments de la chanson d’Aspremont contenus dans les pages de garde de trois mss de la Bibliothèque d’Alençon (nos 637, 646 et 647), constituant un total de 1269 v. Ces mss proviennent de l’abbaye Saint-Martin de Sées, et les fragments qu’ils contiennent relèvent d’un même ms., désigné par l’É. par le sigle S, copié au xive siècle dans l’Ouest de la France, vraisemblablement à Sées même. Ces fragments appartiennent à la famille des mss de tradition française appelée « bleue » par A. de Mandach dans son étude et éd. partielle de la chanson d’Aspremont parue en 1975 chez Droz. L’É. peut à cet égard les comparer  avec le ms. de Wollaton Hall (W) publié en 1919–1920 dans les Classiques  français du Moyen Âge par L. Brandin et avec le ms. Paris, BnF, fr. 2495  (P1). Les fragments, qui sont rapportés aux numéros de laisse de l’éd.  Brandin, se situent d’abord au début de la chanson, avec l’épisode de  l’arrivée de Balant à la cour de Charlemagne puis de son retour au camp  d’Agolant, où il est accusé de trahison par certains de ses pairs (v. 1–148) on passe ensuite à quelques épisodes de la convocation des vassaux ou des obligés de Charlemagne (v. 149–394), à l’entrevue tumultueuse de Turpin, envoyé de l’empereur, avec Girard (v. 395–517) et aux prémisses de la fuite de Roland et de ses compagnons qui s’échappent de Laon  (v. 519–558). On saute ensuite jusqu’à la fin du premier engagement de  l’avant-garde française contre Aumont, avec la retraite de celui-ci dans  sa tour et l’installation du campement impérial au pied d’Aspremont  (v. 559–999). Un long passage est consacré à l’intervention de Girard, qui triomphe d’Aumont et réussit à s’emparer de la tour qu’il a eu l’imprudence de quitter (v. 700–892). Les fragments passent ensuite, tant du côté sarrasin que du côté chrétien, aux préparatifs du premier engagement général et prennent fin avec le combat des neveux de Girard avec les éclaireurs de l’armée impériale (v. 893–1269).

Il était bon d’ajouter à la longue liste des mss ou fragments qui témoignent du succès de la chanson d’Aspremont ce document, édité avec soin par D.H., qui comble avec W certains passages illisibles, et dont l’équipe belgo-italienne, dirigée par G. Palumbo, pourra faire son profit. Le ms. S, patiemment reconstitué par l’É. et situé dans un stemma qui le fait remonter à travers un intermédiaire β à un original α auquel P1 se rattacherait directement, n’apporte pas de révélation majeure à propos du texte d’Aspremont. On peut même dire que sa lecture est parfois décevante, car le ou les copistes ne semblent pas toujours comprendre leur modèle. À cet égard, la comparaison effectuée par l’É. entre les versions S et W de la l. 40, où le texte de S ne pose effectivement aucun problème, est un peu trompeuse, et une lecture suivie et comparative permet de noter d’assez nombreuses mélectures. Citons, à titre d’exemple S 81 je le ensui / W 362 je l’ai en fief ; S 101 en paradis n’aura jamais amant / W en paradis n’avra jamais garant ; S 356 Pour tiel n’a homme / W 1040 sos ciel n’a home ; S 359 S’a Gerart me puet de champ chacier / W 1043 s’Agolans me puet de camp chacier. Mais encore une fois cette éd., qui permet de mesurer l’importance de la diffusion de la chanson, est la bienvenue, et il convient d’en remercier l’É. qui nous l’a procurée.
François suard


Les Fragments sagiens d’Aspremont - Denis HÜE Les Fragments sagiens d’Aspremont - Denis HÜE
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HUE Denis
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Revue d'Histoire littéraire de la France : Remarques sur la nature humaine dans l’Hermès d’André Chénier

REMARQUES SUR LA NATURE HUMAINE DANS L’ HERMÈS D’ANDRÉ CHÉNIER

  • Revue: Revue d'Histoire littéraire de la France  2 – 2022, 122e année, n° 2. varia
  • Auteur: Buisson (Georges)
  • Résumé: L’Hermès est sans doute le plus important mais aussi le plus mal connu des chantiers poétiques laissés par André Chénier. Ce vaste projet prévoyait de retracer l’histoire de l’esprit humain depuis l’apparition de la vie jusqu’aux ultimes progrès des connaissances. La présente note montre comment Chénier tire de l’examen des sens les éléments d’une réflexion sur la nature morale de l’homme, qui trouve des échos ailleurs dans son œuvre.
  • Pages: 433 à 438
  • Revue: Revue d'Histoire littéraire de la France, n° 22
  • Mots-clés: André Chénier, Hermès, poésie didactique, philosophie, nature humaine, sens

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ŒUVRES PŒTIQUES, Vol 3 - André CHÉNIER ŒUVRES PŒTIQUES, Vol 3 - André CHÉNIER
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Rendez-vous de l'Histoire à Blois

 

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Rencontre d'automne autour de la figure légendaire du roi Arthur

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Disparition de Jaan Kaplinski, poète, philosophe et critique culturel estonien

Jaan Kaplinski est décédé le 8 août, à l'âge de 80 ans, des suites d'une longue maladie. Nommé en 2016 lauréat du Prix Européen de Littérature et pour le Prix Nobel de Littérature, cet artiste était une figure majeure de la scène culturelle estonienne.

Jaan Kaplinski


Jaan KAPLINSKI - Raske on kergeks saada / Difficile de devenir léger Jaan KAPLINSKI - Raske on kergeks saada / Difficile de devenir léger
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Tout savoir sur les komis

La République Komie


Ас чужан кылöй – ичöтик сöдз шорöй/Ma langue natale, puits de jouvence Ас чужан кылöй – ичöтик сöдз шорöй/Ma langue natale, puits de jouvence
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FR Вести-Коми (на коми языке) Ас чужан кылöй – ичöтик сöдз шорöй/

 

 


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Voici encore un livre élégant, qu’on aime regarder et tenir en mains : Ἐπιγράμματα

à lire dans ch.hypotheses.org

Bernard Plessy, Ἐπιγράμματα, Travaux et jours dans la Grèce antique. Choix d’épigrammes présentées et traduites en édition bilingue par Bernard Plessy.

Voici encore un livre élégant, qu’on aime regarder et tenir en mains. Il fait partie de la collection Passerelles en poésie, des éditions Paradigme, qui se propose de faire connaître en version bilingue des poésies du monde entier.


Ἐπιγράμματα Travaux et jours dans la Grèce antique - Bernard PLESSY Ἐπιγράμματα Travaux et jours dans la Grèce antique - Bernard PLESSY
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lacauselitteraire.fr : voici un ouvrage mieux que plaisant, délicieux, exceptionnel ! dit le prix Goncourt Michel Host
 La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Essais, Histoire
La vie ! La vie !
« Ces gens ordinaires ont fait un peuple extraordinaire »

Bernard Plessy

Dans une collection originale et rare – nous en reparlerons – voici un ouvrage mieux que plaisant, délicieux, exceptionnel ! Si l’on souhaite recevoir des images fidèles de l’homme et de la femme grecs durant l’antiquité, hommes et femmes du peuple, appartenant à la vie rurale, au monde du travail, des images aussi de la façon dont ils pensaient leur existence, de la façon dont ils se voyaient, il les offre à profusion.

La traduction (ou les traductions) de Bernard Plessy sont admirables de lisibilité par les termes choisis et le clair ordonnancement de la phrase. Le lecteur qui ne sait pas le grec ancien y trouvera un juste reflet des saveurs de cette langue si belle, avec son architecture, ses fines modulations. Peut-être prendra-t-il plaisir à la beauté de la graphie grecque, peut-être même voudra-t-il aller au-delà de cette approche… Celui qui l’aura apprise, qui l’aura plus ou moins fidèlement gardée en mémoire sera évidemment comblé.

L’épigramme est un genre bref et très particulier. En français, il penche volontiers vers l’ironie et la satire, voire le trait assassin : quel lycéen ne se souvient de celle qu’en quatre petits vers Voltaire adressa à Jean Fréron, contempteur des philosophes et de la pensée des Lumières, qu’il prétendait avoir été mordu par un serpent ! Notre auteur s’est tourné vers la source de ces épigrammes antiques : L’Anthologie grecque, dite encore Anthologie palatine : il s’agit de l’œuvre en XV Livres de plusieurs copistes de la fin du Xe siècle, eux-mêmes précédés, au début du même siècle, par le moine byzantin Constantin Céphalas. C’est Claude Saumaise (1588-1653) qui, en 1606, travaillant à Heidelberg, mit au jour cette œuvre dans la bibliothèque du comte Palatin. L’œuvre, un volumineux ensemble d’épigrammes (étym. « écrits-sur », en grec ; « inscriptions » en latin), non seulement retrouvait la lumière, mais allait se diffuser plus largement désormais.

Bernard Plessy, dans le Livre VI, a fait le choix des épigrammes révélant divers aspects de la vie « des gens de ce temps-là », « depuis les origines de la poésie grecque jusqu’à son extinction ». Il faut lire son Introduction aussi complète qu’enthousiaste ! Ces textes brefs sont des offrandes ou des remerciements adressés aux dieux ! C’est pourquoi il les nomme « ex-voto ». Ce sont les mêmes ou presque que ceux que nous trouverons, pour peu que nous les cherchions, dans nos chapelles, nos églises, nos abbatiales, aujourd’hui plus connues sous le nom de « patrimoine ». Les Grecs ont évidemment écrit des épigrammes de divers genres, notamment « chrétiennes, érotiques, funéraires, exhortatives, satiriques… ».

Ce florilège réunit les épigrammes « anathématiques », celles, donc, qui consistent en offrandes aux dieux. Il en est d’éclairantes, d’émouvantes, de surprenantes, de très belles… Un éventail. Un trésor exhumé qui nous dit la Grèce antique et ses habitants. Des gens de tous les jours, des gens de toujours. Ici, le « beau » s’unit au « bon », ils sont « inséparables », selon la pensée alors partagée : « kalos kagathos ».

Quelques exemples parmi les Quatre-vingts proposés au lecteur, les uns ayant un auteur plus ou moins célèbre, les autres, moins nombreux, anonymes :

Platon ouvre le bal, en remerciant la grenouille qui sauva un homme : « Servante des Nymphes, amie de la pluie… Elle l’avait sauvé d’une soif atroce un jour de canicule. / Il était perdu, elle lui fit trouver de l’eau, chantant au bon moment / De sa bouche amphibie au fond d’un frais vallon ».

D’un pêcheur : « Épuisé par une vie de pêche, le vieux Kinirès / A consacré aux Nymphes ces filets qui ont tant donné. Car sa main tremblante ne peut plus lancer / Leur masse enroulée pour la déployer en corolle. / L’offrande est de peu de prix, ne me le reprochez pas, Nymphes, / Car c’était là tout ce qu’avait Kinirès pour vivre.

Pêcheurs, chasseurs, oiseleurs… sont en bonne place dans ce volume. Et non moins les guerriers, tel cet émouvant Trophée d’archer : « L’arc recourbé et le carquois sans ses flèches, / Voilà les dons que Promachos suspend pour toi, Phébus : / Les flèches ailées, elles, ce sont les hommes dans la mêlée / Qui les ont dans le cœur, funestes présents faits aux ennemis ».

D’un paysan : « Des poignées d’épis de son domaine aux courts sillons / Sosiclès qui peine aux champs les dépose pour toi, Déo, reine du froment. / Il a fait bonne récolte, et voici le temps des semailles. Puisse-t-il / Rapporter à nouveau sa faucille émoussée par le moissonnage ».

Les femmes, elles aussi, marquent leur présence dans le cours des jours et de leurs travaux ; ainsi de Trois honnêtes jeunes filles : « Trois jeunes filles de même âge, aussi habiles qu’araignée / À tisser une toile impalpable, ont fait offrande à Pallas : / Démo une petite corbeille bien tressée ; Arsinoé une quenouille, / Ouvrière d’un fil le mieux filé des fils ; / Bacchylis une navette ouvragée, rossignol du tissage, / Avec laquelle à coup de battant elle démêlait les fils de trame, / Car vivre sans reproche, tel fut le choix de chacune, / Sache-le, étranger, avec pour seul gain le travail de leurs mains ».

N’entendons-nous pas les chants proches et lointains de Bacchyllis ?  N’entendons-nous pas leurs rires dans l’atelier de tissage ? Il faudrait être sourd, car l’épigramme de Philodêmos (N°47) nous le dit : « Les paroles de ceux qui sont partis traversent le temps pour ceux qui sont à venir… ». Est-il plus bel hommage et belle confiance en l’éternité de la vie ?

Un autre hommage : « Ambrosia, relevant de couches, pour en avoir évité l’âpre douleur, / A déposé à tes pieds vénérables, Ilithye, / Les bandeaux de sa chevelure et le drap dans lequel au neuvième mois / Elle a mis au monde le double fruit qui gonflait sa ceinture ».

On ira ainsi jusqu’à la dernière épigramme, qui est une « Offrande éblouissante ! » de poésie, que le lecteur découvrira.

La vie ! La vie avant tout et tant qu’elle dure, c’est là, selon notre lecture, l’essentiel de ce que porte et transporte ce mince et précieux volume. Il en est peu aujourd’hui qui, comme lui, ne font pas de la mort rien qu’un sinistre achèvement. C’est un viatique que l’on peut garder en poche, le modèle simple et fort de cette sagesse populaire grecque qui s’élargira puis s’épanouira en philosophie et en œuvres littéraires marquantes, sagesse de ceux qui honoraient plusieurs dieux, se gardant ainsi des folies imbéciles d’autres qui, plus tard, s’étriperont aimablement pour la « gloire » de leur idole unique ! Qu’on veuille pardonner cette acerbe note finale.

Michel Host

Bernard Plessy, agrégé de lettres classiques, professeur en khâgne, fut rédacteur en chef du Bulletin des lettres. Il a publié plusieurs livres, dont trois sont parus dans la collection La vie quotidienne chez Hachette. Cette même curiosité l’a poussé à rechercher dans l’Anthologie palatine les travaux et les jours du peuple grec pendant un millénaire.


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Décès de Georges Buisson, le plus grand spécialiste d’André Chénier

Georges Buisson

 

Extrait du deuxième tome des Oeuvres poétiques commenté par Georges Buisson

L’expert de la poésie du XVIIIe siècle s’est éteint jeudi 22 octobre.

On lui doit l’intelligibilité dans sa pleine intégrité des œuvres d’André Chénier. Georges Buisson est mort jeudi 22 octobre à l’âge de 92 ans. 
 
Vice-président de la Société des amis des poètes Roucher et André Chénier, Georges Buisson a publié les deux premiers tomes d'Œuvres Poétiques d’André Chénier en deux tomes chez Paradigme. Son premier volume, « Imitations et préludes » est inscrit, dès sa parution, au programme de l’agrégation 2006 comme titre de référence. Un troisième tome terminé « à la loupe » par le chercheur sortira en 2021. 
 
« Georges Buisson a réussi la gageure de restituer son œuvre poétique [à André Chénier] dans le meilleur état qu'elle ait jamais connu » souligne Corsaire Éditions, dont Paradigme est l'une des marques. Pour la maison, le spécialiste a réussi, grâce à une « minutieuse enquête », à fournir un appareil critique remarquable sur celui qui est considéré comme un inspirateur du romantisme.  

 

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grandeur du "petit peuple" Travaux et jours dans la Grèce antique

L’essayiste Bernard Plessy publie « Travaux et jours dans la Grèce antique » (Paradigme/). L’art de l’épigramme, ou la poésie des vivants d’hier pour les amoureux des arts et lettres d’aujourd’hui.

C’est ici-même, dans les colonnes d’Atlantico, que l’académicien et historien de la littérature Marc Fumaroli (1932-2020), s’opposa à ce qu'il nommait le «divertissement industriel ». « La France culturelle, pourtant riche en talents, est poussive, du fait de la conception inflationniste qu’elle s’est faite de la culture. Je ne vois pas pour demain un courage, un éveil, un élan qui changent la donne. » (Marc Fumaroli/Atlantico/ 2011). Forte tête, l’occupant du fauteuil 6, quai de Conti, s’était valu l’opprobre des féministes en s’opposant dès 1998 à  la féminisation des noms de métiers. Dans « La Querelle des Anciens et des Modernes » précédé de son essai : « Les abeilles et les araignées » (Gallimard/Folio2001), Marc Fumaroli prône un retour aux sources –antiques afin de s’opposer aux « acharnés du présent ». Un présent sans passé, sans histoire, sans chronologie : un présent dénué de sens, donc barbare. « La bêtise au front de taureau », dirait Baudelaire. Cette sous- culture règne aujourd’hui, forgée par  l’absence de pensée de ceux qui, au contraire de  Roland Barthes hier- (« La Grèce  c’est une langue et une culture très familières à tout intellectuel français formé avant la Seconde Guerre Mondiale »), ou du politologue Luc Ferry, ancien ministre de l’éducation nationale (« L'antiquité grecque »/ livre –audio/ Frémeaux & Associés) voudraient voir disparaître le grec des enseignements contemporains. 

« Le grec ancien  me semble moins une langue morte qu’une langue endormie », déclara récemment dans Atlantico Nicolas Waquet, le nouveau traducteur d’Aristote (L’amitié/Aristote/Editions Rivages/août 2020). Pour finir de rassurer les hellénistes, hellénisants et autres  amoureux  de l’Antiquité, paraît ces jours-ci un essai manifestant une passion futée pour cette littérature : « Travaux et jours dans la Grèce antique » (éditions Paradigme) de l’écrivain Bernard Plessy (à gauche le texte en grec ancien, à droite, sa traduction). Quatre-vingts inscriptions  (« epigramma ») extraites de l’« Anthologie grecque »/ 13 tomes dans l’édition Jérôme Budé (« anthologie », en grec, se dit« guirlande »). L’épigramme  est souvent une inscription sur une statue, un monument, un tombeau. Un genre littéraire ultra-court : tout doit être dit en quelques mots. Une sorte de tweet antique. La « parole ailée ». Un condensé de pensée. Il existe toutes sortes d’épigrammes : descriptives, votives, amoureuses, morales, funéraires, satiriques, énigmatiques, etc. Les premières épigrammes connues sont celles du poète  grec Archiloque. « Cœur, mon cœur, confondu de peines sans remèdes, reprends-toi. Résiste à tes ennemis : oppose-leur une poitrine contraire. Ne bronche pas au piège des méchants. Vainqueur, n'exulte pas avec éclat  ». Dans sa leçon inaugurale  au Collège de France (« La littérature pour quoi faire »du 30 Novembre 2006), Antoine Compagnon évoqua d’ailleurs Archiloque ( 740-685 av. J.-C.).

Bernard Plessy quant à lui  a choisi de piocher dans l’Anthologie Grecque/Palatine les épigrammes qu’il préfère : des ex-voto. L’hommage des humbles aux figures de la divinité. Un échange symbolique  circule en cette épigraphie  particulière : le donateur, l’offrande et cette divinité qu’il s’agit d’amadouer, de louer, à laquelle il faut offrir cette action de grâce pour un bienfait précis. 

« La mer, la terre, les guerre, la campagne et les cités » d’un peuple qui rend grâce aux dieux. Tels sont les personnages et le décor de ce recueil d’épigrammes traduites par Bernard Plessy  (agrégé de lettres classiques, ex patron du « Bulletin des Lettres »). La présentation–éclairante- de l’auteur nous permet d’entrer derechef dans les subtilités du texte. Exemple.  «Thalassa ! Thalassa ! Le grec revit quand il retrouve la mer ! Voici ses hommes : pêcheurs de rivage, marins-pêcheurs, capitaines. (…) Ainsi le marinier souvent, pour tout trésor, rapporte des harengs au lieu des lingots d’or ». L’épigramme votive met en forme la supplique du paysan à l’adresse de la divinité qui peut changer son destin : « Je suis le vieil Euphron, mon lopin n’a pas grand nombre de sillons, 

Les grappes de ma vigne ne donnent pas quantité de vin,

Vraiment c’est un maigre sol qu’égratigne ma charrue

Et chiche est la soupe de ma vendange,

Si elle n’était de maigres biens, maigre serait l’offrande ; mais si tu m’accordes

Davantage, déesse, autrement abondantes seront mes prémices ( texte grec p.54, traduction p.55). Grâce à Bernard Plessy, la « guirlande » scintille. On n’a jamais vu d’aussi près et si bien compris l’art de l’épigramme : parmi tant de prières, surgit une leçon –limpide- d’amour et de beauté. Oui les gens du petit peuple sont bien là, l’épigramme est leur blason. Ils portent des armes, quand il le faut, arc ou lance, casque et bouclier. Ils ont des outils de paix, -rustiques, soc et joug aux champs, pressoir et pelle à vanner à la ferme. (…) Anonymes ? Ils ont un nom que le vers met en valeur et c’est celui de leur père. Petits ? Ils ont leur secrète grandeur. Humbles, mais fiers.(…) Si l’on sait entrer dans la confidence des ces épigrammes, dit et non-dit, entendu et sous-entendu, on comprend que ces gens ordinaires ont  fait un peuple extraordinaire », conclut Bernard Plessy

Plaisir de lecture garanti. Barthes, sans doute, aurait aimé, lui qui chérissait les splendeurs du Haiku.Réunies ici, donc, pour notre plaisir et en VO, quatre-vingts inscriptions, ou l’art et la manière de rendre grâce pour  le travail accompli et les bienfaits obtenus. Etre encore et toujours en vie, par exemple, et savoir ses proches vivants, eux aussi. Une poétique  spirituelle comme née d’hier. « Le secret grec ? Le beau est inséparable du bon », chuchote Bernard Plessy.Nous sommes sous le charme. Un secret à méditer cet été. Et après.

« Travaux et jours dans la Grèce antique » par Bernard Plessy( Paradigme/Corsaire) 4 euros et 99 cents.

« Anthologie grecque/Anthologie Palatine »/Livre VI Volume 3 ( épigrammes 1-358) Pierre Waltz  


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Collection Passerelles en poésie : La poésie espagnole aux éditions Paradigme

Collection Passerelles en poésie :

Basilio BELLIARD (1966) République Dominicaine, Sueños isleños / Rêves insulaires. Présentation : Rafael Courtoisie et Catherine Pélage. Traduction de l’espagnol : Catherine Pélage et Françoise Morcillo.

JEANNE MARIE Espagne, Anthologie Los caminos del alma, memoria viva de los poetas del 27 / Les chemins de l’âme, mémoire vive des poètes de la Génération de 27. Présentation : Françoise Morcillo et Juan Manuel Bonet. Traduction de l’espagnol : Jeanne Marie.
Pour la première fois, dix-sept poètes sont réunis dans une anthologie : Pedro Salinas, Jorge Guillén, José Bergamín, Gerardo Diego, Federico García Lorca, Juan José Domenchina, Vicente Aleixandre, Concha Méndez, Rosa Chacel, Dámaso Alonso, Emilio Prados, Luis Cernuda, Rafael Alberti, Manuel Altolaguirre, Ernestina de Champourcín, Carmen Conde, Josefina de la Torre.

Jaime SILES (1951) Espagne, Actos de habla / Actes de parole. Présentation : Françoise Morcillo. Traduction de l’espagnol : Henry Gil.

Guillermo CARNERO (1947) Espagne, Guillermo Carnero et la France, un dialogue des cultures. Présentation : Guillermo Carnero et Catherine Guillaume. Traduction de l'espagnol : Catherine Guillaume.


Côtes d'Armor Magazine : PAROLES ET IMAGES SUR LE COMMENCEMENT

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http://www.lacauselitteraire.fr/ Un vagabond céleste
Un vagabond céleste

Yves Avril et David Crystal, dans leur préface, évoquent la vie et l’œuvre de John Bradburne, né dans le Cumberland en 1921, dont l’existence est à la fois emplie de fracas, de travaux rudes et disqualifiés, de lumière et de talent – « administrateur, infirmier, conseiller, animateur spirituel, chef de chorale, croque-mort » et d’écriture de « plus de 4000 poèmes (…) plusieurs d’entre eux (…) longs de plusieurs milliers de vers ». L’on apprend qu’à la manière d’un apôtre, John Bradburne se dévoue à assister les lépreux en Rhodésie, jusqu’à son assassinat en 1979. La traduction est assurée par David Rance qui intitule ce corpus de poèmes Étrange vagabond qui ne sait pas quoi chercher, titre qui n’est pas sans rappeler Kerouac (1922-1969) et sa quête spirituelle de « clochard céleste ».

Le premier poème en quelque sorte, oculaire, décrit le mouvement, le bruit de la rue d’un « bazar indien ». La tragédie de la deuxième guerre mondiale n’a pas épargné le poète, qui peut sans doute se ressourcer en Inde, en 1945. Sa langue est syncopée, comme suivant le rythme d’une scène en marche dans un paysage donné, avec ce que ce paysage englobe comme sonorité et couleur. Par ailleurs, John Bradburne est inspiré par le modèle de François d’Assise (Bradburne recevra l’habit franciscain en 1977). François d’Assise, fondateur d’un ordre mendiant, n’est pas un intellectuel, mais Bradburne en fait l’éloge, le qualifiant de « brillant maître ménestrel », de « troubadour » et de « doux bouffon du Roi». Outre la foi personnelle du poète anglais, la nature jaillit omniprésente, les saisons, les bêtes et leur allégresse. L’on retrouve les accents lyriques de la poésie anglaise, contemplative, nostalgique, dont celle de William Blake, inspirée de « visions bibliques à caractère prophétique », par exemple dans sa lettre à Thomas Butts, datée du 25 avril 1803, où Blake écrit : « Je peux seul continuer mes études visionnaires à Londres sans être ennuyé ; je puis ainsi converser avec mes amis dans l’éternité, avoir des visions, rêver de prémonitions et de prophéties et déclamer des paraboles librement sans être assailli par les doutes d’autres mortels ».

Les inflexions de Bradburne contrastent avec le cœur de l’homme, l’esprit parfois accablé par les malheurs et le spectacle des vicissitudes du monde. Cependant, que l’on se morfonde ou se réjouisse, la nature poursuit son cours, fidèle à elle-même, comme les abeilles, que l’auteur chérit, qui bourdonnent sans discontinuer pour offrir un miel apaisant. Il y a du vitalisme dans la croyance de Bradburne, une communion avec tout ce qui s’agite et existe. La transe, d’ailleurs inscrite « joyeuse transe », accompagne la versification de ce phrasé, ainsi qu’une gloire à la beauté. L’ode à Saint Joan of Arc – sacrifiée par les Anglais – est étonnante, et l’on ne peut s’empêcher de penser au livret de Jeanne au bûcher composé pour l’oratorio d’Honegger. John Bradburne notifie la musique céleste des voix de Catherine et de Michel, louange la terre lorraine de la « belle et douce France ». L’on peut également trouver des modulations hugoliennes face au dénuement (extrême) et à la solitude de ce « poète-moine », dans le poème dédié « à un juif errant ». Notons encore :

Cette force fait suite au très profond ennui,

Elle monte gaîment dans un air gracieux ;

Et promptement s’élève et engloutit la nuit

De la tristesse noire, comme l’aube d’un mieux.

Ici, « la joie, cet aigle noir » arraisonne l’angoisse de l’écrivain, ayant choisi la voie particulièrement difficile du dénuement – à ce propos, l’on peut voir deux photographies du poète, souriant, au regard intense, près des lépreux.

Un tourbillon de strophes, de rimes, d’images intérieures, astrales, mystiques, d’interrogations sur la mort et sur l’après possible, après « la dissolution » des corps, agite l’écriture. Peut-être pouvons-nous nommer cela une poésie de la giration ? Une dévotion humaniste amène Bradburne à côtoyer les lépreux, à les aimer, au sein d’un pays déchiré, colonisé – l’actuel Zimbabwe, indépendant depuis 1980.

Ce peuple, ce clan exotique en somme

De lépreux en vaste déploiement

(…)

Un peuple né pour être consumé

Et jusqu’à l’éternité, à jamais.

Ainsi, les poèmes du début ressemblent à des madrigaux et ceux des années 1970 sont marqués par le contexte historique, sous l’égide d’un vagabondage spirituel, d’une volonté de se débarrasser du matérialisme. D’autres, plus prosaïques, relèvent de la comptine, voire de la boutade. La vision mariale éclaire le recueil, à l’instar des apparitions fantastiques, surréelles chez un fils de pasteur anglican converti au catholicisme, lequel se questionne sur le libre-arbitre, la théologie et le sens du divin. Des souvenirs d’enfance, de l’Angleterre, d’un certain bonheur familial sont présents dans les textes, la saveur d’une émotion fugace mêlée à d’intimes interrogations plus complexes et à des tableaux plus sombres de la maladie. Des jeux de mots énigmatiques donnent de l’épaisseur à certains couplets. Des voix multiples se fondent dans celle du poète, habité d’un grand élan universel de fraternité. Pour paraphraser une nouvelle fois Blake, tout est signe, ce n’est que le hasard de leur transcription qui fait sens…

Yasmina Mahdi

David Crystal, né en Irlande du Nord. Professeur émérite de linguistique à l’université de Bangor (pays de Galles). Traducteur de l’œuvre de John Bradburne.

Didier Rance, historien, byzantiniste. Biographe de John Bradburne. A reçu en 2013 le grand prix de l’Association des écrivains catholiques.


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